Planète-Environnement #01Près de deux ans passés dans la Baie de San Francisco – région moteur du zéro déchet, de la défense environnementale et de l’innovation – ont suffi à transformer ma relation à l’environnement et mes comportements écologiques. C’est une révolution tranquille qui a peu à peu bouleversé mes habitudes, ma consommation ou mes centres d’intérêt. Sans que je ne m’en rende compte vraiment ! Alors oui, ça alimente le cliché sooo californien de la nana qui, gourde accrochée au poignet, tapis de yoga sous le bras et snack gluten-free dans le sac à dos, vous vend un « make the world a better place », sauf que les clichés, autant leur tordre le cou dès maintenant !

Quand j’étais à Paris, je me disais que le compost en appart, c’était néo-hippie. Que le covoiturage, c’était de l’altermondialisme pour personnes isolées ou que les défenseurs de l’environnement étaient des bobos tendance baba se donnant bonne conscience ! Bah, j’étais à côté de la plaque. En plein cliché pour me déculpabiliser de jeter mes bouteilles en verre, mes restes ou mes conserves dans une seule et même poubelle, ou de ne simplement pas m’intéresser davantage à ces mouvements citoyens et politiques de sensibilisation à notre planète. À défaut d’y participer, je me cachais derrière la facilité de stéréotypes réducteurs. Je n’avais pris ni le temps de la réflexion sur ces sujets, ni la hauteur de comprendre les différents enjeux et encore moins celui de l’action. Alors, qu’est-ce qui a changé ? Comment j’ai viré de bord ? Et bien, c’est un périple lié à notre arrivée dans la Baie de San Francisco.

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Tout commence par la peur de la sanction ! San Francisco vise le « zéro déchet » d’ici 2020 et mène une politique drastique et punitive qui influence toute la région. Des puces sont ainsi installées dans les poubelles de la City by the Bay (évidemment avec tri obligatoire et compost inclus) et contrôlent le poids des ordures. Et tu prends une amende si tu ne respectes pas les règles imposées ! Je vous assure que la menace de la police, quand t’es étranger sous visa, c’est efficace. Ensuite, nous sommes arrivés en pleine restriction d’eau après plus de quatre années de sécheresse et là d’un coup, des problématiques qui te semblent lointaines ou théoriques, ne le sont plus. Tu te mets à expliquer à tes enfants que les bains, ça va être compliqué, voire impossible. Que plus tu consommes d’eau, plus elle chère… Encore une fois, la peur du bâton n’est pas loin mais tu comprends mieux pourquoi. Et puis cette région, c’est le coup de foudre. Elle est superbe, la nature magnifique et très présente. Tu es bien content d’en profiter sans pollution, de faire du vélo sans tousser, de contempler des paysages époustouflants à des kilomètres, des plages non souillées par des déchets, de pouvoir te baigner, que la faune et la flore s’épanouissent autant… Ta peau, tes allergies, tes cheveux et ton for intérieur te remercient. C’est une chance. Alors tu te mets au diapason, tu respectes mieux les règles, tu ne jettes rien par terre (ça coûte d’ailleurs très cher) et tu suis le mouvement qui semble ici naturel. Tu commences même à te sentir investi d’une nouvelle mission : protéger cette chance. Que tes enfants comprennent ça, le transmettent à leurs propres enfants et que ce soit partout pareil…

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Une jarre en verre avec du savon liquide, une cuillère en bambou ou des pailles en aluminium, de nouveaux produits pour lutter contre le plastique, tous proposés par un super site : fillgood.co

Il faut aussi admettre que l’écologie est inscrite dans l’ADN des habitants ici. Ça aide… La Californie n’a d’ailleurs pas hésité à entrer en résistance contre les décisions de M. Trump. Et autour de moi, nombreux sont ceux qui nettoient les plages bénévolement le week-end, consomment local, bannissent le plastique, s’endettent pour une voiture électrique, s’investissent dans des initiative d’éducation ou de recyclage, ou cherchent des fonds pour des projets liés à la sauvegarde de notre planète dont les ressources ne sont pas inépuisables. Ces gens ne sont pas plus riches ou n’ont pas plus de temps (clichés, clichés…) mais ils choisissent de s’engager. Personne ne m’a enrôlée ou imposée sa manière de faire mais la connaissance de ces problématiques se diffuse et se partage ici comme une onde, dans des cercles qui vont du plus petit au plus grand. Tu observes et tu imites. Comme un enfant qui intègre les codes en regardant ses parents. C’est aussi ça l’apprentissage. Ici, j’ai regardé des proches, des voisins et puis j’ai choisi d’assister à des conférences, de lire davantage, de regarder des émissions spécifiques et j’ai beaucoup échangé. Peu à peu, j’ai mieux compris. J’ai réalisé que si l’on ne veut pas étouffer sous nos ordures – la grande majorité des êtres humains sera concentrée dans de grandes agglomérations d’ici peu – il faut agir. Que si l’on ne peut pas compter sur des actions globales unies et puissantes, à notre petit niveau, on peut essayer. Que ce n’est pas vain. Parce qu’un peu + un peu + un peu = beaucoup !

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Quelques bocaux sur mes étagères de cuisine. Un style que j’aime bien en plus !

Mon choix a donc fait évoluer mes habitudes et ce, sans trop d’efforts. Je suis plus attentive à mes achats (plus locaux, plus équitables) et j’essaie d’éviter le plastique, ennemi majeur de notre environnement. J’y parviens d’ailleurs de mieux en mieux avec gourdes en alu pour éviter les bouteilles, des sacs en tissu pour les courses, des filets pour les légumes, des bocaux pour les conserver, des produits de beauté bio dans des emballages recyclables, des pailles en alu, des couverts en bambou qui me suivent partout etc. Je trie aussi mieux, recycle mieux, réutilise mieux, composte ou récupère même l’eau de nos douches en guise de chasse d’eau ! C’est loin d’être parfait mais petit à petit, j’évolue et c’est un sentiment très satisfaisant.

Aujourd’hui, j’ai envie de partager ce cheminement écologique avec vous. Que l’on grandisse ensemble ! Tenir ces chroniques, c’est diffuser des valeurs fortes qui me semblent essentielles alors c’est parti pour une série sur le thème de l’environnement. Rencontres, initiatives, coups de cœur ou coups de gueule, Beyond the Bridge va aller au-delà des clichés et offrir une palette de solutions ! Et pour commencer, je vous propose de mieux comprendre comment mon environnement a pu m’influencer avec ce reportage sur la politique « zéro déchet » de San Francisco réalisé par une amie. Instructif et inspirant :