Estelle Tracy, c’est une incontournable référence pour les Français des Etats-Unis ! Auteure d’un guide de survie alimentaire et blogueuse confirmée, Estelle aime découvrir, goûter, savourer et partager. Qu’il s’agisse de recettes, de conseils ou de bons plans, Estelle sait comment parler à vos papilles ! Sa passion : le bon et les personnes qui se cachent derrière les bons produits. C’est ce qui la guide dans toutes ses aventures, dans la vie comme sur la toile.

Française d’origine, Estelle a poussé la porte d’un supermarché américain pour la première fois en 2002 et c’est le choc ! Quatre ans plus tard, guidée par sa curiosité et son amour du bon, armée d’un meilleur anglais et d’une excellente expérience de terrain, elle propose à ses lecteurs des conseils pratiques sous forme électronique. Encouragée par ses premiers fans, elle élargit la portée de son enquête et édite une première version papier en 2015.

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J’aurais tant aimé ouvrir cet ouvrage avant de pénétrer dans un supermarché ici… Avant de découvrir à mes dépens que la sour cream n’est pas de la crème fraîche et ne se dissout pas dans la soupe; avant de fuir le rayon farine sans en avoir acheté un paquet, apeurée par les différentes possibilités; ou avant d’errer des heures du rayon yaourts à celui des biscuits sans trouver la moindre marque connue… Ce guide est un excellent allié pour remplir son caddy. Des produits laitiers et pâtissiers américains à la viande, en passant par les œufs, le chocolat ou les pommes de terre, tout est passé au crible. Vous y trouverez des repères, des conseils et de bonnes adresses pour bien manger aux Etats-Unis.

La toute nouvelle version du Guide de Survie alimentaire aux Etats-Unis vient tout juste de sortir et comme ce petit livre a grandement amélioré mon quotidien et ma façon de faire les courses, Beyond The Bridge met Estelle Tracy au menu. Bonne dégustation !

Rentrer dans un supermarché américain, c’est un peu passer dans une nouvelle dimension ! Comment aborder toute cette nouveauté ?
Le plus frappant quand on pousse la porte d’un supermarché américain, c’est la différence dans la nature et le conditionnement des produits : certains produits de consommation courante en France sont peu connus aux Etats-Unis comme la crème fraiche, tandis que le conditionnement de certains ingrédients peut parfois prêter à confusion… Que celui qui n’a jamais versé un sachet de levure de boulangerie dans un appareil à gâteau lève la main ! De manière générale, j’encourage les nouveaux arrivants à privilégier les rayons bios pour faire leur shopping. Je suggère aussi d’apprivoiser d’abord le rayon des produits laitiers (dairy aisle) et pâtissiers (baking aisle) car on a rapidement besoin d’y piocher des produits.

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Comment passer du « made in France » au « made in USA » sans douleur ?
En s’immergeant progressivement dans le monde des produits américains. Rome ne s’est pas faite en un jour !  C’est normal d’avoir la nostalgie de certains produits français notamment lorsqu’on vient d’arriver et lorsque l’adaptation en terre américaine ne se fait pas aussi vite que prévue. C’est pour ça que j’ai tenu à ajouter dans mon guide une liste d’adresses en ligne où trouver des produits comme les sirops Teisseire ou la moutarde Amora. 

Un produit coup de cœur ici ?
Les myrtilles ! Peu le savent mais cette petite baie violette est originaire d’Amérique du Nord et, depuis que j’ai découvert le plaisir de la cueillette en plein champ, je ne manque pas une seule occasion de cueillir des myrtilles au mois de juillet. Je suis également fan de la culture du café à l’américaine, je prends beaucoup de plaisir à travailler avec un latte à coté de mon ordi.

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A l’inverse, des produits que tu évites ?
Je me tiens éloignée de toutes les confections industrielles qui ne sont pas certifiées bios. Les biscuits, les plats surgelés préparés bourrés de sucres et de gras, très peu pour moi !

Et une habitude alimentaire différente qu’en France ?
Depuis que je vis aux Etats-Unis, je ne consomme que du lait pasteurisé que j’achète une fois par semaine. Je ne supporte plus le goût du lait UHT dont la consommation est pourtant plus populaire en France.

Est-il plus difficile de manger bien et bon aux USA qu’en France ?
Dans la mesure où il faut accepter de changer sa manière d’acheter et prendre de nouvelles habitudes alimentaires, oui, cela peut être compliqué de bien manger aux Etats-Unis. Mais impossible de généraliser car il existe de grandes différences culturelles d’une région à l’autre. Par exemple, en Californie, il y a une grande culture des farmers markets et du chocolat artisanal (craft chocolate). En fonction de l’endroit où l’on vit, on peut aussi avoir accès à des légumes de CSA (l’équivalent des AMAPs en France) mais pas à un fromager, ou encore, trouver beaucoup de café de qualité mais peu voire pas de thé bio. Selon moi, la difficulté consiste donc à développer de nouvelles stratégies pour manger en accord avec ses principes (bio, végétarien, etc) dans son nouvel environnement.

En parlant de régime végétarien, ici, à Berkeley et San Francisco, il est très courant mais si on aime la viande, comment s’y retrouve t-on ?
Pour les amateurs de viande, il s’agit d’être vigilant. La grande majorité de la viande bon marché des supermarchés est issue d’élevages confinés aux conditions sanitaires déplorables, les CAFOs. L’impact de ces élevages est catastrophique sur les écosystèmes environnants et je ne peux que recommander d’acheter sa viande auprès d’un producteur que l’on connait ou via le site EatWild.com.

Cuisiner en France ou aux USA : est-ce un même plaisir ?
Oui ! Un même plaisir avec des ingrédients différents ! Grace à la diversité ethnique du pays, on a vraiment accès ici à une variété incroyable d’ingrédients originaires des quatre coins du monde. Avec un peu de curiosité, on peut vraiment s’amuser aux fourneaux aux USA.

Et pour les cuisiniers-réfractaires notamment de lunch boxes, un conseil ?
J’avoue aussi avoir parfois du mal à me motiver à cuisiner pour quatre tous les jours et je préfère éviter d’aborder la question des lunch boxes ! Mais lorsque je n’ai pas envie de cuisiner, je me fixe un objectif très simple: émincer un oignon. C’est tout. Cet acte tout simple finit invariablement par me conduire à la préparation d’un plat. Un peu d’huile d’olive dans une casserole, deux sachets de légumes surgelés bios, une pomme de terre, du bouillon en poudre… Et voilà, en moins de 30 minutes, j’ai réalisé une soupe. Le plus dur est de faire le premier pas!

Peut-on rater des recettes françaises à cause d’ingrédients américains ?
C’est possible si on ne maitrise pas complètement les ingrédients. Par exemple, il faut savoir que la farine all purpose est l’équivalent d’une farine T55 en France qui donnera de meilleurs résultats en boulangerie qu’en pâtisserie. Il y a tout un vocabulaire culinaire à découvrir ici : yeast, baking powder, baking soda… Et autant d’ingrédients à découvrir.

Toutes ces infos sont-elles dans le guide ?
Oui ! J’ai vraiment écrit le « Guide de survie alimentaire aux Etats-Unis » pour les personnes qui n’ont ni le temps, ni l’envie de lire les étiquettes collées au dos des produits. Moi, ça ne me gêne pas, j’adore faire les courses et découvrir des nouveautés mais quand on vient de débarquer, qu’on ne comprend pas l’accent du caissier, que les enfants souffrent de décalage horaire et qu’on dispose de 10 minutes pour acheter de quoi faire une quiche au supermarché, on économisera bien des frustrations en glissant le guide dans son sac à main !

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Combien d’année de pratique t’a t-il fallu avant de le publier ?
La première version  est née quatre ans après mon arrivée aux Etats-Unis (en 2006). Il m’a fallu du temps pour vraiment maitriser les ingrédients américains. Je me suis beaucoup documentée par exemple sur la nature des crèmes que l’on trouve ici. J’ai ainsi découvert la différence entre la heavy cream et la whipping cream sur le site de la Food and Drug Administration. Je voulais être capable d’expliquer clairement la différence entre ces produits à des expats qui n’ont pas forcément le temps ni l’envie comme moi de parcourir les sites de l’administration fédérale américaine…

Aurais-tu d’autres références à nous conseiller ?
Côté magazine, je suis fan des recettes créatives et colorées de Vegetarian Times. Sur le web, je consulte souvent le site Epicurious.com qui rassemble les recettes gourmandes et fiables des magazines Bon Appétit et du défunt Gourmet.

Comment peut-on suivre ton actualité ?
Via mon blog en français « le hamburger et le croissant », celui en anglais consacré au chocolat  sous toutes ses formes « 37 Chocolates » mais aussi via la photo sur Instagram @tetellita et via la vidéo sur YouTube. Je prends ma mission très à cœur et tous les moyens sont bons pour que je la remplisse !

Merci !