Petite péninsule qui s’avance dans la Baie de San Francisco, The Bulb est une surprise ! Un étonnant reflet de l’union entre l’environnement et l’activité humaine. Ancienne décharge à ciel ouvert à Albany, une petite ville mitoyenne de Berkeley, dans la Baie de San Francisco, l’endroit est un agrégat de vieux matériaux de constructions, gravas, graviers, ferrailles, pneus ou parpaings. Jetés à la mer, ils semblent fossilisés, formant peu à peu une presqu’île artificielle inédite dans la Baie. Et sous la transparence des flots, des blocs de béton et autres morceaux de ciment font office de rochers.

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Les déchargements ont été arrêtés en 1984 et la nature a pu reprendre ses droits, façonnant le paysage entre décombres industriels, végétation sauvage et sentiers encombrés de ronces et d’ornières. La faune et la flore s’épanouissent ainsi sur un amas de débris créant une ambiance unique. Avec son panorama sur la baie, sur les gratte-ciels de San Francisco et sur le Golden Gate, le décor est incomparable. Juste derrière la petite plage d’Albany qui sert de défouloir aux chiens de l’East Bay, c’est un bijou déroutant.

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La ville a bien envisagé divers projets pour réhabiliter l’endroit, comme construire une marina mais aucun n’a aboutit. Du coup, durant longtemps, la presqu’île a été négligée. Et peu à peu, elle s’est transformée en terre d’accueil et d’expression alternatives. Concerts improvisés, pièces de théâtre ou créations d’art urbain – graffitis, fresques murales, mosaïques, sculptures et installations diverses – ont fait les grandes heures du Bulb. Aujourd’hui, certaines créations ont disparu mais il reste encore quelques vestiges à découvrir avant qu’ils ne disparaissent eux aussi sous l’effet du temps, des éléments ou des mauvaises intentions…

La péninsule a également accueilli une communauté importante de sans-abris. Jusqu’à 60 personnes ont choisi de s’installer là et d’y vivre dans un système anarchique auto-déclaré. Ils en ont été expulsés par la police une première fois en 1999 puis en 2014 pour laisser cet espace au grand public. Si vous souhaitez creuser, deux documentaires sur la communauté du Bulb ont été réalisés et évoquent ces évènements : Bum’s Paradise (2003, Tomas McCabe) et Where Do YOU Go When It Rains? (2013, Andy Kreamer).

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J’aime arpenter ces quelques hectares coupés du monde, à mi chemin entre squat d’artistes et réserve naturelle. J’aime ressentir cet endroit, observer sa beauté étrange, son cadre remarquable, ses créations saisissantes.

L’énergie qui s’en dégage est viscérale. Son histoire est inspirante. Voilà pourquoi, j’aime y retourner de temps à autres. Y respirer. Marcher. Sentir le temps décrocher et se figer.