Parce qu’il n’existe pas de cantine à l’école et parce qu’ici c’est tradition, au déjeuner, c’est Lunch Box ! Le terme anglosaxon pour désigner la gamelle d’autrefois ou le bento d’aujourd’hui, son petit nom japonais. On parle aussi de boîte à tartines ou de panier repas… Bref, autant d’appellations pour qualifier la même chose : un sac – plus ou moins esthétique – contenant de petites boîtes – isothermes ou non – avec un repas dedans.

Le marketing s’est emparé du phénomène Lunch Box et les sacs se vantent de contenir l’isolant le plus performant du marché, d’avoir le design le plus fun et se parent de héros Disney, Frozen ou Star Wars remportant le jackpot. Des gammes diverses de contenants sont également développées, de la plus basique à la plus écolo, et ce, à tous les prix, ce qui, dans la Baie, monte vite à 10 dollars pour une petite boîte isotherme ou pour un sachet-sandwich en tissu. On ne plaisante pas avec la sacrée Lunch Box !

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Et les réaliser, c’est un métier ! Varier les aliments, trouver les combinaisons savoureuses alliant nutrition et plaisir, le tout de manière quotidienne et pour deux enfants, il faut l’avouer, pour moi, c’est rude ! Soyons honnêtes, les cantines, là où elles existent, endossent si bien la responsabilité de développer les goûts de nos bambins, de flatter ou répugner leurs papilles… Tous les enfants y sont de plus logés à la même enseigne et des diététiciens préparent leurs menus. Qu’ils apprécient ou non ! Ça a du bon la cantine, si, si… Tentez de mettre vos choux de Bruxelles dans une Lunch Box et vous verrez la volée de petit bois que vous essuierez en fin de journée. Vous constaterez que vos enfants n’ont même pas essayé d’y goûter et vous jetterez dans votre compost l’entière totalité d’un plat raplapla après avoir stagné dans un sac all-day. Certes, à la cantine, les choux de Bruxelles n’ont pas meilleure réputation mais ils sont à minima goûtés et il n’y a pas de jaloux, c’est pour tout le monde pareil. Inutile de loucher sur le plateau du voisin… Ici, pour peu que le petit camarade dévore un Bagel, j’en entends parler 3 jours durant : « maman, ma copine, elle, elle a des sandwichs tout le temps avec du fromage. Elle a tellement de chance… »

Malgré tout, je ne me suis pas découragée tout de suite. J’ai même pris ça à cœur, me sentant investie d’une mission divine pour éviter la porn food et aider mes enfants à bien grandir et se sentir épanouis dans leurs Tupperware ! J’ai ignoré leurs remarques désobligeantes après la poêlée de haricots verts ou la purée de lentilles corail. J’ai mis du pain complet bio, tenté de trouver des légumes et fruits différents chaque jour. J’ai même acheté un ouvrage sur la question. Mais jeter, jeter et jeter mes petits plats a commencé à me fatiguer. Préparer aussi. Pas besoin de préciser que lorsque je cuisinais des pâtes ou du riz, j’aurais pu ranger les containers sans les laver… Alors j’ai intégré des légumes avec les féculents plus régulièrement. Ça n’a pas été non plus très concluant : si j’ajoutais des petits pois au riz, bah ma fille les triait !

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Bref, après quelques mois d’acclimatation, d’essais, de réussites, d’échecs et de casse-tête, j’ai commencé à maudire la Lunch Box. Elle qui me prend du temps que je n’ai pas envie de lui consacrer. Qui s’immisce dans mon quotidien de manière pernicieuse, au moment de faire les courses, de penser ma semaine, de terminer mon week-end, quand je cuisine, quand j’invite. Elle est omniprésente. Alors peu à peu, je l’ai négligée comme pour mieux l’oublier. Jusqu’à vivre plusieurs réveils en fanfare par un cri d’effroi : « Ohhhhh ! M…., on a oublié les Lunch Boxes !». J’ai volontairement utilisé le on pour provoquer une pointe de culpabilité chez le papa qui s’y colle rarement à la Lunch Box, voire pas ! Mais la pensée masculine est hermétique à ce genre de problème. Au mieux, j’ai obtenu un : « prends une tranche de dinde, un babybel et un tube à la fraise ! ». Les enfants adorent les Lunch Box de papa…

Et puis, il y a eu l’oubli. Le vrai. Le déni total. L’arrivée à l’école et ce grand moment où tu réalises que tu as juste complètement omis de préparer quoique ce soit. Que tu n’y as d’ailleurs même pas penser. Tu te sens si mal quand ton enfant te regarde l’œil larmoyant et apeuré, te disant « t’as oublié MA Lunch Box ??? mais comment je vais faireuuuuu ??? ».

Alors, j’ai décidé de réagir. Par nécessité. Et pour mes enfants. Je réalise un gros travail d’acceptation psychologique et positive autant que possible en me disant par exemple qu’au moins je contrôle ce qu’ils mangent… Bon, je cherche encore quelques arguments ! D’ici à les regrouper, faites un tour sur les 10 conseils que je propose pour préparer une Lunch Box en toute sérénité !