Après une récente expérience d’édition « édifiante », j’avais envie de partager quelques maux et bons tuyaux ! Journaliste-auteure de profession, blogueuse de loisir, je vis beaucoup par et pour l’écriture. J’ai récemment coécrit un guide sur la ménopause (« Ménopause, toi et moi, on s’explique ?!»), un ouvragé tiré à 4000 exemplaires, salué par les médias et écoulé en 7 mois… Un succès me direz-vous ?! Et dans les faits, c’est juste. D’autant que les échanges avec nos lecteurs nous ont entièrement comblées et nous comblent encore (merci ♥). Sauf qu’en coulisses, c’était bien moins réjouissant : non-respect des contrats, des délais ou des dus, et aujourd’hui, le livre n’est plus disponible. Son avenir incertain me laissant en bouche un goût amer d’inachevé. Bon, je ne vais pas m’appesantir sur mes états d’âme parce que l’aspect positif de cette expérience (oui, oui, il y en a toujours…), au-delà du bonheur d’avoir fabriqué ce livre, des rencontres qu’il a engendrées et de votre accueil, c’est que j’ai beaucoup appris. Il est donc temps de transformer mon désarroi en nouvel élan et de vous en faire profiter !

Ce qui m’a poussé à réaliser cet article, c’est aussi que nombre d’auteur(e)s connaissent des situations difficiles et en souffrent (livres terminés bloqués chez l’imprimeur faute de paiement, contrats signés mais livres non réalisés, réimpressions impossibles faute de fonds, impossibilité de récupérer les droits, non-exploitation, et j’en passe !). J’avais envie de leur offrir des ressources pratiques, de l’inspiration et… de l’espoir ! Car j’ai majoritairement collaboré avec des professionnels sérieux, droits, sincères et respectueux, et je connais des tandems d’auteurs-éditeurs épanouis ! Vivant en toute harmonie. « Life happens » comme on dit et une déconvenue ne conditionne en rien l’avenir. Alors, après avoir râlé, pesté ou pleuré, il s’agit d’accepter et de rebondir sur les beaux projets qui attendent !

Avec ces quelques conseils en tête pour les mener à bien :

1) Un auteur averti en vaut deux !

Si vous recherchez un éditeur, si vous avez des questions avant de signer un contrat, besoin d’éclaircissements sur sa signification ou si vous êtes en conflit avec une maison d’édition, faites-vous accompagner ! Il existe des structures très efficaces pour vous informer et vous épauler dans vos démarches. Voici ma sélection :

  • La Société Des Gens de Lettres, la SGDL :

Elle veille à la promotion du droit d’auteur et à la défense des intérêts des auteurs de l’écrit : contrat d’édition, statut social, rémunération numérique, protection des œuvres, droits d’auteur, etc. Ils sont au cœur de l’écosystème du livre et sont très réactifs ! Leur site est une mine d’or et leurs formations sont utiles et pratiques. J’ai rejoint leurs 6000 auteurs (moyennant une cotisation annuelle de 50 euros) et j’en suis ravie ! Sans eux, j’aurais navigué à vue… Voire complètement dérivé !

  • La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse :

L’association permet échanges et rencontres autour de sujets essentiels : impôts, couverture sociale, contrats, bourses, résidences, concours, etc. Leurs articles complets sur le métier éclairent et leur trousse de secours juridique est un indispensable. Diagnostics et soins au programme avec une touche d’humour et un chouette graphisme !

  • Le Centre National du Livre :

Leur guide des aides destinées aux auteurs liste institutions, bourses, résidences… De nombreuses ressources sont aussi à découvrir sur leur site.

  • Annuaires d’éditeurs : 

Vous trouverez en ligne plusieurs sites qui regroupent des infos sur le métier d’auteur, des conseils et des contacts. Depuis que je vis en Californie, je suis l’actualité du Bureau International de l’Édition Française et leur annuaire des éditeurs 2018 est top. Si vous souhaitez envoyer des manuscrits, connaître les genres de certaines maisons d’édition ou simplement élargir vos contacts, téléchargez-le !

 

Illustrations issues de la « Trousse de secours juridique pour auteurs et illustrateurs jeunesse en détresse » – La Charte

 

2) Publier à compte d’éditeur, d’auteur ou s’autoéditer ?

Question très fréquente en ce moment ! L’industrie du livre a beaucoup évolué et sa mutation entraîne des possibilités nouvelles et des bouleversements profonds. Certains font le choix de l’autoédition par conviction, d’autres parce que les processus sont plus rapides, qu’ils ont un meilleur contrôle, ou encore que la répartition des droits leur convient mieux… C’est le cas par exemple de cette auteure qui a poussé récemment « un coup de gueule » et décidé de passer de l’édition classique à l’autoédition. Mais certains ne préfèrent même pas y songer parce que s’autoéditer n’a pas le même rayonnement, ne bénéficie pas de la même image ou exige de maîtriser toute la chaîne, de la production à la distribution et la diffusion. Je n’ai pas la prétention d’analyser le milieu et je pense qu’il y a du bon et du moins bon dans les deux cas. C’est à chaque auteur(e) de savoir comment il/elle souhaite se définir et grandir. Pour vous aider dans cette réflexion, je vous invite à lire cet article d’Élodie Bloch-Beatrix, elle-même auteure. Elle pose très clairement les avantages et les inconvénients des différentes options.

3) Croire en soi !

Quand j’ai rencontré des difficultés sur le guide de la ménopause, je me suis remise en cause. J’en ai perdu l’appétit d’écrire et l’excitation de porter mes envies. Un vrai coup de frein. C’était « mon bébé » et je le voyais en souffrance en étant impuissante. Digérer ce coup dur m’a pris des mois. Mais il y a un moment où il faut avancer ! Les problèmes rencontrés par un éditeur, d’ordre financier ou autre, ne sont pas du fait de l’auteur. Inutile de se culpabiliser ou de crier à l’injustice. Ça fait partie des risques du métier… On est un dommage collatéral en quelque sorte. Et bien souvent l’éditeur n’y peut rien lui-même ! Alors il faut faire son deuil et avancer. Rebondir. Le témoignage de Kriss, auteure de plusieurs ouvrages, le dit très bien ! Écoutez aussi ce podcast très inspirant de Joël Dicker, l’auteur du fameux roman « La Vérité sur l’affaire Harry Quebert« . Il raconte avec sincérité ses chutes et ses doutes. Écrire, c’est aussi ça : tomber puis se relever. C’est la vie, tout court ! La résilience comme meilleure alliée…  Si on a les mots dans les tripes, qu’ils habitent nos rêves et emplissent nos cœurs, on ne s’en débarrasse pas comme ça ! Il faut les faire exister, retentir, d’une manière ou d’une autre ! Alors, si vous perdez pied, écoutez ces mots et faites les résonner. Rompre l’isolement dans lequel on peut s’enfermer est aussi une clé. La solidarité entre amoureux des livres, des lettres, des dessins ou de l’art, est une réponse très puissante !