En débarquant aux Etats-Unis, j’ai fait un transfert. Je me suis projetée en Carrie Bradshaw version côte Ouest : j’ai imaginé découvrir des lieux tendances, tester des restos en vogue, savourer des cocktails locaux ou critiquer les créateurs du moment avec mes copines entre deux articles… Mais après quelques semaines sur place, j’ai vite constaté qu’à 36 ans, avec un mari, deux jeunes enfants, dans une maison face à San Francisco, en pleine nature et sans copines, ce serait… très différent ! La découverte de Berkeley version New-York dans Sex & the City et en styletto, c’était loupé !

Alors je me suis adaptée à l’environnement et j’ai chaussé mes baskets pour arpenter les 55 parcs de la ville avec les enfants et faire connaissance avec elle… autrement ! Et surprise ! Non seulement, je n’ai pas été déçue du déplacement mais mieux que ça, j’ai rencontré une ville déroutante et décalée qui se dévoile avec délectation à l’instar de l’Adventure playground, un parc qui propose aux enfants de construire leurs jeux eux-mêmes.

Adventure Playground Berkeley

Au coeur de la marina, l’endroit ressemble à un terrain squatté. Des maisons tordues, des escaliers biscornus, des toboggans pentus, des bateaux transformés, des charpentes réutilisées ou des structures non identifiées s’érigent sur un large espace entre sable et terre !  C’est le royaume de la bricole. Des enfants scient du bois, coupent, cloutent, tapent, peignent ! Certains se cachent dans des pneus géants et roulent sur le sol quand d’autres atterrissent d’un voyage en tyrolienne en plein tas de sable. C’est un peu dingue cet endroit. Chacun peut s’écorcher, passer à travers des étages suspendus, tomber entre deux planches, se pendre à des cordes nouées, prendre un coup de marteau, s’enfoncer un clou, se scier un doigt ou encore se recolorer de la tête aux pieds avec de la peinture fraîche ! Le tout au son d’un piano complètement désaccordé.

Le piano du parc

Le piano du parc

Mais pourquoi attacher tant d’importance à ces détails quand ton enfant semble si épanoui ? Ce serait même une bonne manière d’améliorer ses capacités physiques et sa confiance en lui. Car derrière ce projet monté en 1979, c’est une « vision très Berkeley » de l’éducation qui est testée : laisser plus de liberté aux enfants pour juger par eux-mêmes de ce qui est dangereux, apprendre à utiliser des objets de la vie usuelle et tester leurs limites pour savoir mieux les gérer. Les comportements à risque dans le jeu aideraient d’ailleurs à réguler les émotions, comme la colère ou la peur !

Alors une fois le stress de voir ta progéniture partir en ambulance évacué, tu profites juste du lieu ! Et quel délicieux plaisir de voir l’équipe du parc les aider à utiliser des outils pour créer leurs propres inventions et de voir les voir s’y amuser !  J’aime cet endroit. L’esprit. L’ambiance. Le concept. Et je ne suis pas la seule. Nombreux papas et mamans s’amusent aussi les fesses posées sur une chaise installée dans une coque de voilier échouée sur la terre, peignant un drapeau ou sauvant leur enfant d’un puits maléfique ! L’imagination emplit l’air et le temps de quelques heures, c’est l’évasion onirique. On (re)goûte à l’ivresse du jeu. C’est bon et ludique.

Un enchevêtrement inédit et ludique

Un enchevêtrement inédit et ludique

Alors Berkeley, si en un parc, tu peux passionner mes enfants tout en me faisant passer un excellent moment, alors il sera beaucoup moins frustrant de ranger quelques temps les talons au placard et de mettre de côté les déambulations nocturnes avec les copines !

Affaire à suivre…

Plus d’infos : http://www.ci.berkeley.ca.us/adventureplayground/