En débarquant à Brooklyn en début d’année, j’imaginais poser mes valises dans une petite maison en grès rouge, tellement charmante, tellement New York, tellement cliché… Sauf que, deux semaines et un blizzard après notre arrivée, mon homme, nos deux enfants et moi avons finalement atterri dans un condo (immeuble en co-proporiété) ultra-white, tout ce qu’il y a de plus moderne. Et ça a été la (bonne) surprise ! J’ai alors découvert, trônant fièrement au rez-de-chaussée de l’immeuble, le Saint Graal, la pièce rêvée de tous les kids et de leurs parents: la fameuse playroom. Quesako ?! En résumé, la pièce défouloir des enfants new yorkais à l’étroit dans leur chambre ou en mal d’espace lorsque le climat affiche des températures extrêmes.

Pour mes kids, la vue de cette pièce a eu le même effet que la découverte de la montagne de cadeaux au pied du sapin de Noël. Les yeux remplis de paillettes, ils ne savaient plus où donner de la tête. Il faut dire qu’en plus d’être de la taille d’un appartement new yorkais – baies vitrées en prime – notre playroom est digne d’un magasin de jouets bien achalandé : de la maison de poupées à la caserne de pompiers en passant par la dînette version XXL, la bibliothèque et le toboggan. L’attraction phare étant des blocs géants en mousse que les enfants s’amusent à transformer, au choix, en château, catapulte ou sculpture d’inspiration cubiste… Sans parler de l’écran TV géant et du système audio dernier cri. La playroom se veut moderne et connectée ! Bref, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges.

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Placée au cœur de la vie du condo, cette pièce s’anime invariablement entre 15h et 17h30 en semaine, une fois que les écoles ont fermé leurs portes. Elle prend alors des allures de crèche/salle de récréation avec la dizaine d’enfants qui la peuple, sous la surveillance de leurs nannies. Niveau sonore et excitation des kids à son maximum ! Et petit rituel de fin de journée, la chansonnette qui marque la fin de la partie de jeu : clean up, clean up, everybody everywhere. Il est de bon ton de laisser une salle rangée, en parfait état. Car, attention ! Si tu ne veux pas être banni de la pièce sainte, il te faudra respecter la playroom étiquette. Les règles de vie explicites ou implicites sont vite intégrées (et écrites noir sur blanc dans le règlement de la salle) : dans l’entrée tu laisseras tes chaussures ; les snacks en tout genre tu banniras ; les jouets tes enfants partageront…

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Une chose à garder à l’esprit : la playroom, tu la partages avec tes voisins, pour le meilleur ou pour le pire ! Tu es catapultée au cœur d’un espace de socialisation fait de papotages avec les parents. C’est aussi un haut lieu de la diplomatie intra-condo ! Car pour rester en terrain neutre et donc en paix avec ses voisins, il faut savoir faire preuve d’une bonne dose de calme quand tes enfants décident, par exemple, de mettre le feu à la playroom. Des drames se jouent régulièrement dans cette salle. L’atmosphère paisible et sereine laisse invariablement place aux hurlements, aux pleurs, aux « nan c’est à moiiii ! je l’avais en premieerrr !!! ». Commence alors un processus de négociations digne des Nations Unies – intervention, véto, consensus arraché à la volée… En tant que maman française fraîchement débarquée, je tente de faire bonne figure auprès des autres parents, essayant d’adopter une attitude politically correct. Je vous laisse visualiser : moi, les cheveux hérissés, qui court après l’un de mes enfants qui a – au choix – piqué un jouet à son petit copain/poussé ledit copain/décidé que non, il ne rentrerait pas chez nous… Le tout devant des parents américains qui restent super zen et ce, en toute circonstance. Ici, on ne hausse pas le ton, on met en œuvre une patience infinie avec ses kids, on les laisse explorer et vivre leur vie tout à fait librement… Bon, c’est pas gagné !

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La playroom ne se cantonne pas à son rôle de banale salle de jeux. Que nenni ! Elle sait se réinventer quelques heures par mois… Elle se pare de ses plus belles couleurs le temps d’une mini discothèque déjantée : boule à facettes, ballons à gogo, Beyoncé qui rugit dans les enceintes. Elle laisse également place à l’obscurité pour une séance de ciné avec pop-corn à volonté, coussins géants et enfants hypnotisés. Et le samedi, il n’est pas rare de se faire refouler de la pièce, privatisée pour cause d’anniversaire. Mais ce n’est pas tout. La playroom remporte un vif succès en dehors des frontières de l’immeuble ! Mes enfants n’ont jamais eu autant de playdates depuis que leurs petits camarades ont appris l’existence de cette caverne d’Ali Baba…


En pratique

> Points négatifs : pleine à craquer en semaine ; endosser son habit de diplomate pour éviter cris et pleurs (alors que parfois, tu n’as juste pas envie/pas la force de faire preuve de patience)

>> Points positifs : les jouets à foison, aménagements adaptés aux enfants (et, comme j’ai pu le découvrir, pour certaines autres playroom new yorkaise, aménagements ultra modernes et luxueux !), lieu de rencontre avec les autres enfants et parents de l’immeuble, une salle qui permet de se retrancher à l’intérieur en cas de tempête de neige ou canicule (ce qui est monnaie courante à New York).

>>> Verdict : la playroom est une extension non négligeable et très appréciable d’un appartement new yorkais. Il faut juste savoir éviter les heures d’affluence histoire de ne pas se retrouver coincé avec une dizaine d’enfants en furie ! Au final, on l’aime bien cette petite salle, c’est désormais un peu notre chez nous. Les enfants y mettent le bazar, y passeraient bien leurs journées… et leurs nuits aussi. A quand la playroom version camping ?!