Si je vous dis « Californie », vous pensez : longues étendues de sable blanc, surf, palmiers, bimbo blonde à forte poitrine courant sur la plage en maillot rouge, le tout, sous un soleil brûlant, été comme hiver ! Cette image carte postale de la Californie correspond en fait surtout aux côtes Sud de l’État, de Santa-Barbara à San Diego en passant par Los Angeles. Sur les côtes du Nord, c’est plutôt ambiance kite-surf, randonneurs en chaussettes hautes, séquoias géants, le tout, sous un brouillard laiteux !

Promenade dans le brouillard à Point Reyes National Park (CA)

Promenade dans le brouillard à Point Reyes National Park (CA)

Ici, le soleil joue plus souvent à cache-cache et le vent se montre taquin. Alors, non, je ne suis pas en tongs 365 jours par an à la recherche de noix de coco à siroter sur la plage; non, je ne bronze pas toute l’année et non, il ne fait pas 30 degrés de janvier à décembre ! D’ailleurs, il fait très rarement 30 degrés par ici… En moyenne, on se situe aux alentours des 20 degrés. Et, je vais peut-être casser un mythe, mais il y a aussi du mauvais temps ! Si, si ! Il a d’ailleurs plu ces derniers mois. Beaucoup plu… Vous avez bien lu, de la pluie. Beaucoup de pluie !

San Francisco sous la pluie, ça ressemble à ça

San Francisco sous la pluie, ça ressemble à ça

En janvier, la pluie a ainsi rythmé la majeure partie du mois. En mars, carrément tout le mois. J’avais l’impression de vivre une mousson version fraîche. Puis il y a eu de nombreuses averses et quelques tempêtes de manière sporadique. Même Los Angeles a connu des jours gris et quelques gros orages. Le responsable de ces pluies diluviennes serait El Niño, un phénomène climatique qui se caractérise par une température plus élevée de l’Est de l’Océan Pacifique et qui provoque des anomalies climatiques dans le monde entier. Je ne rentrerai pas dans le détail du pourquoi ni du comment mais les années El Niño sont marquées par des cyclones dans le Pacifique, des sécheresses en Australie ou en Asie et des hausses des précipitations sur les côtes américaines, principalement entre décembre et avril-mai…

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Les sandales à la mode pendant El Nino.

El Niño a frappé fort cette année. Certains habitants m’ont dit ne pas avoir vu autant de pluie depuis 10 ans. Les déserts ont même connu des floraisons exceptionnelles comme la Death Valley qui s’est recouverte d’un tapis de fleurs jaunes… Ca n’était pas arrivé depuis une décennie ! Et après 4 années de sécheresse sévère, les locaux ont accueilli l’événement avec tolérance et soulagement. Ils sont heureux de voir l’eau remplir à nouveau les réservoirs et aider la nature à reprendre de sa superbe. Certaines mamans m’ont aussi confié que leurs enfants, nés il y a 4 ou 5 ans, n’avaient jamais vu la pluie avant… « Enfants de la sécheresse », ils se sont donc régalés à sauter dans les flaques et à jouer entre les gouttes. Venant de Paris quelques mois plus tôt, je dois avouer que j’ai trouvé ça beaucoup moins drôle…

La plupart des jeunes californiens ne connaissaient pas la pluie avant cette année.

La plupart des jeunes californiens ne connaissaient pas la pluie avant cette année.

J’ai même assez mal vécu les weeks-end mouillés à tenter de dénicher des alternatives indoor même si c’était aussi très chouette de découvrir musées, galeries ou autres gymnases intérieurs ! Ici, la nature est un feu d’artifice et tu as envie de l’explorer. Tu fais du vélo, du roller, du skate, des châteaux de sables, du paddle, des hikes, de l’escalade ou du bateau ! Alors, j’ai eu quelques difficultés à répondre à la remarque de ma fille : « Tu nous as menti maman ! Pourquoi t’avais dit qu’ici il ferait tout le temps beau ? » Bah, parce qu’à moi aussi, on m’a menti ! Alors, pour éviter ce genre de situation gênante, autant être au point sur la météo locale !

Rain, rain, rain...Rain, rain, rain cet hiver…

D’abord, cette année, c’est El Niño qui a amené les trombes d’eau et c’était exceptionnel (c’est bien ma veine)… Il vit ses dernières incartades et il est temps pour mon moral météo-sensible. Bref, en dehors d’El Niño, le climat de la région est plutôt de type méditerranéen. Agréable, doux, et ensoleillé. Mais ce serait trop simple de résumer à cela. Collines multiples, océan, lacs ou rivières, la baie de San Francisco offre de nombreux microclimats. Plus on s’éloigne du Pacifique, plus les températures s’élèvent et la pluie est plus importante au Nord, du côté de Napa Vallée, qu’au Sud, vers San Jose. Lorsqu’on dit qu’il n’y a pas de saison ici, c’est aussi un raccourci. Les variations de températures sont certes assez limitées (et encore que…) mais on peut distinguer une saison humide (entre novembre et avril) plutôt douce, avec des pluies qui font couler les rivières et reverdir les collines, et une saison sèche (de mai à octobre). La sécheresse est passée par là brouillant les pistes mais « normalement », l’année se découpe ainsi. Pour complexifier tout ça, il faut préciser que l’été français, juillet-août donc, est ici une période plus floue à cause du brouillard très présent qui fait chuter les températures sur San Francisco et les côtes.

La "Little Farm" du Tilden Park à six mois d'intervalle.La « Little Farm » du Tilden Park à six mois d’intervalle.

Retenez donc qu’il fait beau la plupart du temps mais pas non plus toujours très chaud. Que le vent est souvent traître et que l’hiver peut être humide… Qu’il faut s’habiller en oignon, avec plusieurs couches pour ne jamais être pris au dépourvu, dans un sens comme dans l’autre. Et que les meilleurs mois pour venir restent septembre et octobre avec de jolies températures, au-delà des 20 degrés, et pas de pluie. Enfin, c’est une tendance, pas une règle. Les années précédentes, il n’y a juste pas eu de pluie du tout et l’hiver ressemblait à l’été. La semaine dernière, il a fait un temps de mars, et en février, on aurait pu se croire en septembre… Au moment où j’écris, il fait 28 degrés. Alors, pas de généralisation, hein. Tout est dans l’adaptation !