Une bande de potes, un repas de fête, des coupes de champagne qui tintent, des cadeaux, des sourires, des fous rires ! Bref, un Noël entre amis, notre petit rituel depuis maintenant neuf ans. À cela près que cette année, nous sommes séparés par un écran d’ordinateur, un océan, six heures et 5 837 kilomètres : quatre compères à Paris, mon chéri et moi à Brooklyn. Et oui, parce qu’on a des amis qui déchirent et qui ont décidé – qu’à la vie, à la mort – on le ferait tous ensemble ce repas, en bravant les frontières, les fuseaux horaires et les galères. Exit les dîners autour d’une table dans un même lieu, tellement archaïque ! Bienvenue dans l’ère du tout numérique. Le rendez-vous est donc fixé un samedi du mois de janvier. Brooklyn 13h / Paris 19h. Le décor est planté : l’atmosphère feutrée d’un début d’après-midi enneigé à Brooklyn vs. la pénombre d’un début de soirée dans la belle ville étoilée de Paris.

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Pour ce Noël, nous avions donc aussi à notre table un invité peu banal : notre ordinateur. Un véritable maître de cérémonie : sans lui pas de vidéo et sans vidéo pas de fiesta. Commence alors la mise en place du dispositif : emplacement optimal pour que tout le monde tienne dans le cadre, check – connexion Internet, check – audio et micro, check. On est bon, on est opé ! Il ne reste plus qu’à nous connecter sur FaceTime, attendre la petite mélodie de connexion et puis ça y est ! La lumière se fait. L’écran se remplit des trombines de nos amis. C’est parti pour six heures de rattrapage, papotage et charriage, pour notre plus grand plaisir.

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Mais un petit retour en arrière s’impose. Parce qu’un repas version 2.0, ça ne s’improvise pas ! Organisation millimétrée de rigueur. Depuis les cadeaux, qu’il a fallu s’envoyer réciproquement et dans les temps, jusqu’aux promesses que non non non, on ne les ouvrirait pas avant le D-Day, en passant par le choix de bons petits plats. Et attention, on ne plaisante pas avec le menu ! Il a été pensé en commun car on le voulait identique des deux côtés de l’Atlantique. Un savant mélange de French Touch et de petits clins d’oeil à notre pays d’adoption : cappuccino de châtaignes et foie gras, cuisses de poulet aux pruneaux, poêlée de patates douces, cannelés et gingerbread man (biscuit en pain d’épices en forme de bonhomme qui est une tradition de Noël aux États-Unis).

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Au final, ce dîner s’est avéré étonnamment fluide et naturel bien que virtuel. Nous avons vite oublié cet ordinateur qui nous séparait les uns des autres. Les enfants ont passé leur petites têtes devant l’écran pour faire les marioles, raconter leurs vies et puis ils s’en sont allés, jouer et regarder des dessins animés. Parce que les repas de grands, dans la vraie vie ou sur écran c’est un peu ch***t ! Pour notre part, ce que l’on retient, c’est que les émotions sont bien là, décuplées par la distance, le champagne et les petites attentions reçues, des photos souvenirs sous forme de polas aux paquets de bonbons qui sentent bon l’enfance. Alors le temps d’un dîner, on rattrape un peu ces moments de vie que l’on rate à cause de l’éloignement, on mange du regard le joli petit minois d’une louloute de cinq mois faute de pouvoir la prendre dans nos bras… Le dîner 2.0, c’est du bonheur en boîte. Merci à vous les amis ! Et si de votre côté, vous hésitez à vous lancer dans le dîner virtuel, foncez !


En pratique

> Points négatifs : aucun si ce n’est le fait que dans ces moments là, on prend vraiment conscience de la distance. Donc petite séquence émotion, prévoyez quelques mouchoirs : on est avec nos amis le temps d’une soirée puis trois p’tits tours et puis s’en vont…

>> Points positifs : c’est un moyen original pour garder le lien avec ses copains ou sa famille et il est assez facile à mettre en place pour peu que l’on ait une connexion Wi-Fi illimitée et un moyen de se connecter (ordinateur, smartphone, tablette).  Il vient s’ajouter à la longue liste d’outils à notre disposition : appels audio/vidéo FaceTime ou Skype, flux de partage de photos, Facebook, Instagram, WhatsApp. Au-delà de l’aspect pratique, c’est un moment authentique et vrai qui revêt une dimension toute particulière quand on est expatrié.

>>> Verdict : le dîner 2.0 a illuminé cette journée d’hiver ! Malgré l’éloignement et le filtre de la technologie, force est de constater que nous avons passé un super moment. Tout s’est enchaîné parfaitement et sans longueurs. Un conseil cependant : mieux vaut ne pas être trop nombreux, ça complique l’exercice en rendant les échanges plus difficiles et moins qualitatifs. En ce qui nous concerne, nous nous sommes quittés ce jour là en nous disant que ce dîner Brooklyn/Paris serait le premier d’une longue série !