Planète-Environnement #04 – En déménageant à New York, j’ai pris conscience d’une chose : lorsque l’on essaie de croquer dans la Big Apple (grosse pomme), on réalise assez vite qu’elle est entourée d’une couche épaisse de film alimentaire. Et oui, le plastique y est omniprésent et il ne m’aura pas fallu longtemps pour faire ce terrible et affligeant constat. Dès ma première virée au supermarché, je suis ressortie avec presque autant de sacs plastique que d’articles achetés. La faute au « double-bagging« , cette pratique courante dans les supermarchés qui consiste à mettre un premier sac en plastique dans un deuxième pour en améliorer la résistance. Voilà une nouvelle expression que je me serais bien passée d’apprendre. Puis, il m’a suffi d’arpenter le bitume new-yorkais sur quelques mètres pour avoir une vision apocalyptique : des monstres noirs apparaissent sur le bas-côté des rues plusieurs jours par semaine puis s’évaporent. À y regarder de plus près, je m’aperçois que c’est un tas ! C’est un monticule ! Que dis-je, c’est une montagne de sacs plastique noirs ! Parfois assortis d’une marée de sacs transparents ou d’encombrants. Et là, trop c’est trop !

En France, niveau prise de conscience environnementale, je m’en tenais au strict minimum. Je me baladais avec mon sac pliable Monoprix pour réduire ma consommation de sacs jetables, je triais mes ordures de façon appliquée et je faisais attention à ma consommation d’eau. À New York, je suis quotidiennement le témoin de scènes surréalistes et je réalise alors qu’il me faut désormais m’engager davantage, que la planète suffoque, que les citadins vivent dans des bulles de plastique qu’ils contribuent eux-mêmes à créer… et ce, dans l’indifférence générale.

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Face à un tel constat, nous sommes en droit de nous demander ce que fait la municipalité pour s’attaquer à la question de la gestion des déchets. Le maire démocrate, Bill de Blasio, a annoncé en 2015 un plan « zéro déchet » d’ici à 2030. Un objectif très ambitieux lorsque l’on sait que New York, en chiffres, c’est près de 8,5 millions d’habitants qui produisent quotidiennement 50 000 tonnes de déchets, pas moins de 12 kilos d’ordures par personne et par semaine, et que seulement 15% de ce volume est recyclé ! Des initiatives viennent d’ores et déjà soutenir cet effort, comme par exemple le recyclage des déchets organiques. Au programme, installation de poubelles dédiées à ce type d’ordures dans tous les foyers d’ici à 2018, tri des déchets organiques dans la quasi totalité des écoles publiques, multiplication des bacs et poubelles à compost dans la ville. Une autre mesure phare consiste à réduire l’usage des sacs plastique à usage unique. Une loi visant à les rendre payants a bien été votée en mai 2015 mais n’a toujours pas été mise en œuvre pour cause de querelles politiques récurrentes. Ces mesures sont nécessaires et fondamentales mais le chemin qui reste à parcourir est long et sinueux.

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Les new-yorkais, enfermés dans une frénésie de consommation, adeptes de la livraison de repas à domicile et du tout-jetable (emballages, tracts, verres et pailles en plastique, cartons de pizza..) ne se posent pas la question de l’empreinte qu’ils laissent derrière eux. La politique publique de traitement des déchets doit certes être améliorée, mais il me semble tout aussi important d’informer, sensibiliser et éduquer la population aux enjeux environnementaux et aux bienfaits du recyclage pour instaurer de nouvelles habitudes. C’est tout l’enjeu des années à venir. Pour ma part, j’ai choisi d’investir dans de multiples sacs en toile ou en filet que je garde en permanence dans mon sac à main et je me promène désormais avec un chariot à courses, ce qui me permet de lutter contre les contenants en plastique tout en évitant de me scier les doigts en portant une kyrielle de sacs. La prochaine étape consiste, par exemple, à troquer mon gobelet de café jetable contre une tasse en bambou et inox. J’essaie de joindre l’utile à l’agréable en trouvant des produits pratiques et au design sympa. Des alternatives au plastique et à la production d’innombrables déchets existent, pour peu que l’on se penche un minimum sur la question.

Ceci dit, à Brooklyn, de nombreux habitants s’intéressent à ces problématiques, depuis maintenant quelques années, et sont désormais acquis à la cause écologique. Il m’arrive souvent de les croiser à la Park Slope Food Coop où les sacs plastique sont bannis et les cagettes sont trendy, dans les jardins communautaires où ils cultivent des légumes ou encore, pour certains, dans les rues de la ville pour y ramasser sur leur passage les sacs et autres déchets qui jonchent le sol. Brooklyn est devenu un terrain idéal pour des projets expérimentaux comme en témoigne la serre ouverte par le supermarché bio Whole Foods situé dans le quartier de Gowanus. Son but : produire annuellement des centaines de tonnes de produits en circuit court. À une centaine de mètres de là, on trouve également l’entrepôt Big Reuse qui est en plein dans la tendance du Reuse, Reduce, Recycle, en donnant une deuxième vie à des meubles, de l’électroménager, des livres ou encore des fenêtres et des portes. Du coup, je me dis que tout n’est pas perdu pour cette ville encore trop plastifiée. Citoyens et citoyennes de New York : prenez vos poubelles en main ! Il est encore temps de réagir et d’agir tous ensemble !

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* Je tiens à remercier Charlotte et Stéphanie de m’avoir prêté quelques photos prises lors de leur exploration de New York !