Chaque 20 avril à 16h20, des fans de marijuana se rassemblent pour une séance de fumette collective sur Hippie Hill, une colline du Golden Gate Park de San Francisco. C’est le 420, une tradition bien connue des locaux et des amateurs de pétards. Mais lorsque tu n’en es encore qu’au stade de touriste dans ton nouvel environnement, bah tu n’es pas au parfum de ce genre de rituel ! Résultat ce jour-là, au lieu de trouver le Japanese Tea Garden, un charmant jardin zen que je souhaitais visiter au cœur du parc, je me suis retrouvée embarquée dans une foule de quelque 10 000 personnes, chaloupée au rythme des djembés et glissant peu à peu dans une ambiance peace and love à la gloire de l’herbe !

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J’ai eu l’impression de remonter le temps direct dans les seventies. De la femme en mini-short, crop-top en dentelle, fleurs dans les cheveux et lunettes de soleil à la John Lennon, au monsieur sorti dans son plus simple appareil, en passant par le total look cannabis : feuilles vertes en paillettes irisées sur les joues, jambières aux couleurs des plantes magiques ou T-shirts tie-dye déclinés pour l’occasion. Tatoos de sortie et complexes restés à la maison, c’était le regroupement du love. Love de la liberté et du cannabis ! Ambiance pique-nique géant, barbeuc et space cake. Entre pipes, bang, glaces et bonbons. Le tout sous un épais nuage parfumé ! Déroutants mélanges…

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Au-dessus des têtes se jouait un spectacle tout aussi surprenant : un ballet d’hélicoptères de la police surveillait la foule aux côtés d’avions faisant la publicité du cannabis ! Plusieurs fois dans l’après-midi, le ciel s’est ainsi embrumé de messages à la fumée pour indiquer sur quel site se procurer de l’herbe fraîchement préparée ! Le tout entre les hélices de la police. Paradoxe génial à l’image de cet événement. Car en Californie, la culture, la possession et la consommation de cannabis sont possibles uniquement à des fins médicales depuis la proposition 215, votée en 1996. Aujourd’hui encore, fumer ou vendre un joint sans nécessité médicale est donc puni par la loi. Le 420 n’est donc pas vraiment légal. Mais visiblement pas vraiment illégal non plus ! Les forces de polices ferment juste les yeux tant que le comportement des uns et des autres ne déborde pas.

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Ce rassemblement m’a donc amusée et déconcertée. Car finalement, dans le coin, c’est un peu 420 tous les jours ! Autant il est rare de croiser des fumeurs de cigarettes, autant croiser des fumeurs de joints, ici, c’est plus banal ! De San Francisco à Berkeley en passant par Oakland, flâner dans les rues, c’est en effet souvent se balader dans des effluves à la marijuana ! En 10 mois, j’ai croisé… cinq, six fumeurs de tabac (dont deux amis français en visite…) mais je ne compte plus les amateurs de pétards. Dans la rue, les parcs, à la plage, les cafés, salles de concerts, en solo, duo ou plus ! Tous âges et looks confondus. La légalisation complète du cannabis en Californie sera en question en novembre prochain et lèvera sûrement toute l’ironie de la situation actuelle. Certains disent que l’édition 420 2016 aura été la dernière à réclamer la dépénalisation du cannabis… A suivre.

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