À San Francisco, c’est une tradition. Depuis 17 ans, l’Edwardian Ball célèbre l’art, le théâtre, la mode, la musique, le cirque et les créations d’Edward Gorey, un auteur-illustrateur américain réputé pour son univers macabre et minutieux. Sur fond d’époque édouardienne, période du règne du roi Edouard VII au Royaume-Uni (1901-1910), l’ambiance mêle élégance et raffinement, gothique et burlesque, fantasque et fantaisie, étrange et baroque, technologies et steampunk. Ce dernier mouvement d’origine littéraire fait référence à l’esthétisme de la première révolution industrielle et fait voyager dans un Londres alternatif. Les accessoires s’inspirent des machines à vapeur, de la mécanique ou de l’électricité et transforment l’allure des tenues victoriennes classiques en mélange rétro-futuriste ! Boulons en cuivre sur corsets lacés, masques à gaz sur hauts-de-forme, montres aux mécanismes apparents sur gants en dentelle, chemisiers ceinturés de cuir ou lunettes d’aviateurs sur le nez. Extravagance et excentricité comme marque de fabrique.

L’Edwardian Ball, c’est donc une interprétation très personnelle de l’époque édouardienne avec une identité unique au carrefour des genres et des arts. Entre deux cocktails à l’absinthe, j’ai eu l’impression de côtoyer des créatures imaginaires, des personnages sortis de l’Histoire mais aussi de faire des incursions dans l’univers de films comme Moulin Rouge, Edouard aux mains d’argent, Mad Max, Priscilla folle du désert ou Alice au pays des merveilles. Plusieurs performances (encordage, acrobaties, French Cancan etc.) ont animé la soirée dans différentes salles du Regency Ball Room, qui accueille le bal depuis 2009. Rosin Covin, le fondateur du bal, et ses artistes ainsi qu’une troupe de cabaret (Vau de Vire Society) ont fait vibrer le public sur scène comme parmi les invités. Les festivités se déroulent sur deux jours, vendredi et samedi, avec des spectacles différents, une foire édouardienne mondiale, des photos booths, un musée de bizarreries, la lecture des cartes, des ventes artisanales et autres surprises. C’est l’événement d’une ville qui aime se montrer non conventionnelle et qui, de soirée underground et décadente, est passé au rang d’incontournable. Des curieux du monde entier viennent d’ailleurs goûter aux plaisirs de l’expérience. Los Angeles a importé le concept il y a 8 ans et la Nouvelle-Orléans se lance. Si vous voyagez dans ces villes là ou habitez le coin, réservez-vous ce voyage original !


EN PRATIQUE

Infos : Dates, tickets, déroulé des journées, artistes etc sur le site officiel du bal.

Comment s’habiller : Pas de dress code imposé, la seule règle : sortez de votre ordinaire ! Vous pouvez puiser l’inspiration dans les périodes couvrant la seconde moitié du 19ème siècle jusqu’aux années 30. Les illustrations d’Edward Gorey, devenu icône de la culture gothique, peuvent aider car chaque année un de ses livres est mis à l’honneur. Les années 20, le steampunk et le pur victorien sont les styles que j’ai trouvés les plus représentés.

Points négatifs : compter 85 dollars le billet et si vous souhaitez une place assise, il faut passer à l’étape VIP. Victime de son succès, l’attente pour rentrer et poser ses manteaux est à inclure dans l’organisation de la soirée ! L’évènement est très connu et d’une année à l’autre, les spectacles changent avec plus ou moins de succès. Certains disent que « ce n’est plus ce que c’était », que c’est plus « attendu, moins fou ». Je n’ai pas aimé pour ma part la salle réservée aux marchands qui vendent des articles qui n’ont pas toujours un lien direct avec la soirée… Enfin, le costume et la préparation demandent un investissement en temps et financier pour certains.

Points positifs : c’est une expérience à vivre unique. Un voyage dans le temps qui offre une grande place à l’imaginaire et vous transporte ailleurs, dans un autre monde, inconnu. Le temps de l’événement, le quotidien est donc très loin avec un sentiment de retour en enfance. J’ai trouvé les costumes et les maquillages fascinants, les performances étonnantes et j’ai apprécié ce méli-mélo de folies. J’ai aussi adoré me sentir quelqu’un d’autre dans ma robe année 20 (prêtée par une amie) et m’apprêter comme jamais je ne le fais.

Verdict : allez-y ! Faites vous votre avis. Moi, j’y retournerai l’an prochain pour découvrir les curiosités de la foire mondiale édouardienne le vendredi !